Une intervention symptomatique de la politique de Monsieur Sarkozy

Tout a commencé par un refus d’obtempérer d’un conducteur. Celui-ci fonce sur une voiture de police lui faisant barrage, et la percute. Les policiers arrêtent alors le chauffeur, (trop brutalement selon des témoins) et de 50 à 250 personnes s’opposent alors aux forces de l’ordre. Jets de pierres, insultes, menaces, les policiers s’enfuient, six étant blessés par les pierres ou leurs propres gaz lacrymogènes.

Premier constat : depuis 2002 la tension entre forces de police et "jeunes délinquants" de banlieue est nettement montée d’un cran. Ceci nous rappelle vigoureusement les émeutes de 2005. La politique de Monsieur Sarkozy a-t-elle été à ce point un échec ? Sans doute, mais il préfère accuser les juges.
 Je ne démens pas qu’il faille une réponse pénale appropriée à opposer aux délinquants, en particulier lorsqu’ils sont jeunes et pas encore entrés dans une logique de confrontation systématique. Mais il ne me semble pas que Monsieur Sarkozy ait beaucoup œuvré pour faire mettre en place cette réponse. Mais il n’est pas ministre de la Justice, rétorqueront certains. C’est sûr, mais grâce à son franc parler, il sait faire passer des messages forts, sans remettre en cause l’indépendance de la Justice...
 Tout de même, les tensions entre forces de police et "jeunes délinquants" ont clairement explosé. Est-ce que la politique de contrôle systématique des "basanés", de descente dans les cités modèle "coup de poing", d’intervention toujours plus musclée de la BAC, n’aurait pas envenimé à l’excès la situation ? La suppression de la police de proximité fut une erreur monumentale, mais si Sarkozy devait l’admettre, cela remettrait totalement en cause sa crédibilité. Par ailleurs, des voix s’élève même au sein de la police, des préfets, pour dénoncer le manque de préparation des policiers, le manque d’encadrement, les moyens inadaptés, la mauvaise répartition.

Suite de l’histoire : afin de démontrer sa réactivité et son efficacité, les services du Ministère de l’Intérieur mettent sur pied une opération "coup de poing", invitant journalistes et caméras à voir comme la police s’occupe des délinquants. 6h00 du matin, tout le monde est en place, sauf le maire des Mureaux, qui n’a pas été prévenu. Et là, une maigre récolte : une seule arrestation. Mais par contre, une vive critique émane des journalistes sur place : des appartements ont été ravagés, des personnes souffrent manifestement de contusions, la violence des policiers a laissé des traces, la tension continue à monter en même temps que l’incompréhension. Je ne critique pas directement les policiers, ce sont des hommes, leurs amis et collègues ont pu souffrir d’agressions, ils font un travail difficile voire héroïque au quotidien, il sont soumis à de fortes sollicitations... Mais la répression et la mise sous pression des populations "issues de l’immigration" ou des "cités" a bien trouvé sa limite sous l’égide de Nicolas Sarkozy. Son action aura eu le mérite de nous démontrer une mauvaise voie, il convient maintenant à d’autres d’en trouver une meilleure.

Ne nous laissons pas séduire par les discours de Nicolas Sarkozy, il est convaincant et communique bien. Jugeons-le sur son action, notamment en tant que Ministre de l’Intérieur depuis 2002, et demandons-nous si la situation est meilleure ou pire qu’auparavant.

Demandons-nous également si nous voulons vivre la même "rupture" dans tous les domaines de la politique que celle que nous avons subi dans le domaine de la sécurité.

Sources :

LCI : "Les policiers sont tombés dans un guet-apens"

LCI : Echauffourées aux Mureaux

Libération : Kärcher show

RTBF : Opération policière portes ouvertes

Yahoo (AFP) : La colère des ’’perquisitionnés par erreur’’ dans une cité des Mureaux

Le Monde : Mureaux : une expertise de l’opération de police ordonnée