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La police de proximité, un épine dans le pied de Nicolas Sarkozy

mercredi 8 novembre 2006, par Jacques

Deux excellents articles du Monde mettent en lumière les erreurs de Nicolas Sarkozy comme Ministre de l’Intérieur concernant la police de proximité et la politique d’interventionnisme à outrance.

Des sénateurs prônent le retour de la police de proximité

Police Dans le débat sur l’insécurité et les violences urbaines, les sénateurs apportent une contribution qui risque de faire froncer les sourcils du ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. Une "mission commune d’information", présidée par Alex Türk (non inscrit, Nord), et composée de 28 membres de la Haute Assemblée, issus de toute obédience, propose de "réactiver une véritable police de proximité", dans un rapport rendu public, lundi 6 novembre. Mise en œuvre sous le gouvernement de Lionel Jospin, cette méthode d’intervention des forces de l’ordre avait été vidée de sa substance à partir de 2002 au profit de l’action judiciaire (travail d’investigation, interpellations...). "J’ai préféré remobiliser les forces de sécurité sur leur cœur de métier", avait expliqué M. Sarkozy, en fustigeant la gauche et sa "conception hémiplégique de la police de proximité qui n’était en fait que du laxisme et de la faiblesse déguisés" (Le Monde du 7 novembre 2005).

Le rapport sénatorial se démarque de cette analyse. Rédigé par Pierre André (UMP, Aisne), il a été approuvé par l’ensemble des représentants de la majorité, les élus des groupes socialiste et communiste s’abstenant. Ce fait vaut d’être signalé, car, jusqu’à présent, la police de proximité constituait un sujet de clivage entre la droite et la gauche.

Créée quelques semaines après les émeutes urbaines de l’automne 2005, la mission d’information a mené une réflexion approfondie sur les politiques publiques engagées depuis quinze ans dans "les quartiers en difficulté". Son rapport, fruit de nombreuses auditions et de déplacements sur le terrain – qui l’ont menée jusqu’aux Antilles et à l’étranger (Pays-Bas, Espagne...) –, recèle 70 propositions à propos du cadre de vie, de l’éducation, de l’emploi, de la cohésion sociale, etc.

Après avoir relaté la mise en place de la police de proximité à la fin des années 1990, les sénateurs décrivent le "tournant" opéré en 2002 par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. "D’une logique d’ordre public consistant à stopper les incidents sans pour autant interpeller, on est passé à la recherche de l’interpellation en flagrant délit des auteurs (d’infractions)", résument-ils.

Mobilisation accrue des brigades anticriminalité (BAC), renforcement des services d’investigation et de recherche, création des groupements d’intervention régionaux (GIR)... Cette "réorientation a donné des résultats", commentent les sénateurs en rappelant la baisse de "la délinquance générale" (- 8,8 % des faits enregistrés depuis mai 2002).

Mais le rapport souligne que cette tendance favorable est contrebalancée par une augmentation concomitante des violences contre les personnes (+ 7,15 % en 2005). "Le changement des modes d’intervention de la police s’est traduit par une dégradation des relations entre la police et la population", selon la mission d’information. Le phénomène "affecte (...) les relations entre les jeunes et la police, notamment en région parisienne", à tel point qu’"une logique de harcèlement réciproque semble s’être instaurée".

Combinées à une diminution des moyens consacrés à la médiation sociale, ces évolutions ont contribué à "éloigner la police de la population". "Or, insistent les sénateurs, il ne peut y avoir de sécurité sans la population." Ils jugent "indispensable (...) de revoir les modalités d’intervention" des forces de l’ordre dans les quartiers.

Outre la relance de la police de proximité, le rapport esquisse plusieurs pistes : améliorer la formation des gardiens de la paix en prévoyant des modules ciblés sur la jeunesse et sur la lutte contre les discriminations ; assurer une rémunération et des perspectives de carrières gratifiantes aux policiers et gendarmes qui interviennent dans les ZUS ; développer les équipes de prévention spécialisée...

Regrettant l’insuffisance des "partenariats" entre forces de l’ordre et "acteurs de l’accompagnement sanitaire et social", la mission cite en exemple la ville de Rotterdam, aux Pays-Bas, qui a créé des "mariniers", chargés de coordonner l’action de la police, des travailleurs sociaux, des services municipaux et des associations, sans que puisse être opposée la règle du secret professionnel.

Dominique de Villepin plaide pour "une police de tranquilité publique"

Dans le débat sur la police de proximité, rouvert lundi 6 novembre par vingt-huit sénateurs de tous bords qui ont défendu sa réactivation, le premier ministre joue avec les mots. Alors que la police de proximité, mise en place par la gauche, a été démantelée en 2002 par Nicolas Sarkozy, le premier ministre a plaidé, mardi, pour "une police de tranquillité publique" afin de contenir notamment la délinquance des mineurs.

A l’occasion d’une réunion de travail inédite à Paris des préfets, procureurs généraux, procureurs et recteurs sur le thème de "L’Etat, la prévention et la sécurité", Dominique de Villepin, qui prône le développement de l’îlotage, a expliqué sa définition d’"une police de tranquillité publique" : "Une police à la fois plus présente et plus à l’écoute, mais garante du respect du droit et du respect des règles." Les forces de sécurité "n’ont pas à jouer le rôle des associations, des élus, des travailleurs sociaux qui remplissent une fonction différente", a-t-il précisé, ajoutant qu’"elles doivent rester un gage de protection, de défense de l’ordre et de la loi. C’est précisément ce qui avait été oublié à tort dans la police de proximité".

Réagissant aux propos de M. de Villepin, le porte-parole de l’UMP Luc Chatel a lui parlé de "sécurité de proximité". "Nous avons besoin des policiers quels qu’ils soient aux heures où il faut combattre la délinquance", a-t-il expliqué. Selon lui, "la police doit être au contact de la population, c’est évident".

"RAPPROCHER LA POLICE DE LA POPULATION"

Une idée qui, par contre, n’est pas du goût de Nicolas Sarkozy, qui s’est refusé à "recommencer ce qui a fait faillite". Pour le ministre de l’intérieur, "le rôle de la police n’est pas d’entretenir des relations publiques avec les habitants du quartier, il y a des travailleurs sociaux pour ça, il y a des associations pour ça".

De son côté, le secrétaire général du syndicat UNSA-Police, Joaquin Masanet, qui effectue une tournée des commissariats de police avant les élections professionnelles du 20 au 23 novembre, a jugé qu’il fallait "rouvrir les commissariats de police vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept dans les zones dites ’sensibles’, afin de rapprocher la police de la population". "Sinon on va à la catastrophe", a prévenu le leader syndical, qui a également dénoncé une "politique au coup par coup" et "la culture du résultat" menée par le ministère de l’intérieur alors qu’il faudrait "travailler avec les associations, les élus locaux" qui connaissent le terrain.

Source :

Le Monde : Des sénateurs prônent le retour de la police de proximité

Le Monde : Dominique de Villepin plaide pour "une police de tranquilité publique"

P.-S.

Il n’y a pas que la gauche à critiquer Nicolas Sarkozy, mais aussi la Police et la Droite. Ceci dit, si il gouverne en rupture avec ses propres actions, comme il a su si bien le faire jusqu’à présent, le pays pourra peut-être arriver à quelquechose avec Nicolas Sarkozy comme Président.

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1 Message

  • Tiens, la police de proximité supprimée par Nicolas Sarkozy sera peut-être réinstaurée par... Nicolas Sarkozy. En rupture avec lui-même, comme à son habitude.

    Une mission de Sarkozy pour une "police de quartier" Par Rémy BELLON Envoyer par mail Envoyer via Y ! Messenger Blog via Yahoo ! 360 Imprimer Photo PARIS (AFP) - Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, a confié récemment une mission à un groupe d’experts afin de jeter les bases d’une "police de quartier", également au programme de Ségolène Royal, relançant ainsi le débat sur la police de proximité en pleine campagne présidentielle.

    La "police de proximité" avait été créée sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin puis abandonnée, à son arrivée place Beauvau en 2002, par M. Sarkozy qui y avait vu un "échec".

    En novembre 2006, toutefois, le Premier ministre, Dominique de Villepin, avait plaidé pour une "police de tranquillité publique", relançant le débat sur la police de proximité. Peu avant, des sénateurs de tous horizons exprimaient leur souhait qu’elle soit "réactivée", tout comme certains syndicats de police déplorant que la police soit devenue trop répressive au détriment de la prévention.

    Il faut "trouver des solutions pour rapprocher la police de la population", disaient-ils.

    Il y a quelques semaines, Alain Bauer, président de l’Observatoire national de la délinquance (OND), a été chargé d’une mission par le ministre de l’Intérieur : M. Sarkozy lui a demandé de faire des propositions en vue de la mise en place d’une "police de quartier", a-t-on appris jeudi de sources émanant de membres de cette mission.

    Un groupe de hauts-fonctionnaires policiers et d’experts travaillent en sa compagnie et doivent rendre leurs conclusions mi-mars.

    La "police de quartier" est également l’une des propositions-phare de la candidate socialiste à l’élection présidentielle, Ségolène Royal. Elle figure parmi les "100 propositions" de son "pacte présidentiel" présenté à Villepinte le 11 février.

    Interrogé à ce sujet, des membre de la mission Bauer ont affirmé que la communauté de label relevait de la "coïncidence", soulignant que la mission avait été demandée avant cette date.

    "La suppression de la police de proximité a eu des conséquences néfastes et désastreuses que tout le monde déplore aujourd’hui", a assuré jeudi, dans un communiqué, Delphine Batho, secrétaire nationale chargée de la sécurité au PS, pour qui il ne s’agit "pas (d’une) coïncidence".

    "L’existence même de cette mission est un aveu de faiblesse et un cinglant démenti qui invalide toute la politique menée par la droite depuis cinq ans", a dit le PS.

    Outre M. Bauer, le groupe rassemble notamment les directions générale de la police nationale et de la sécurité publique ou des policiers tels que Joaquin Masanet et Jean-Luc Garnier en leur qualité de membres du Conseil économique et social (CES). M. Garnier est par ailleurs ancien syndicaliste policier (Alliance), aujourd’hui à l’UMP. M. Masanet est l’actuel "patron" de l’UNSA-police (1er syndicat de gardiens de la paix), proche de Mme Royal.

    Le groupe de travail, selon ces sources, a commencé à rédiger des propositions pour le ministre de l’Intérieur visant à dessiner le profil d’une "nouvelle police de sécurité publique avec des équipes spécialisées".

    Il faut "réformer au besoin les structures de la police dans cette optique" et "voir comment mieux insérer le policier dans le tissu social des quartiers", selon ces sources, le détail de ces propositions n’étant "pas finalisé".

    Le rapport fait également "l’historique des actions passées" dans ce domaine sous l’action de ministres de l’Intérieur de gauche et de droite. Il y est question par exemple de la "police de proximité" du gouvernement Jospin.

    Le rapport de M. Bauer ne devrait cependant pas "prôner son retour" telle que la gauche "l’avait appliquée", selon les mêmes sources.

    Voir en ligne : Une mission de Sarkozy pour une "police de quartier"

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