Et pourquoi pas Michèle Alliot-Marie ?

Ca y est, Nicolas Sarkozy est officiellement candidat à l’investiture de l’UMP depuis jeudi matin (ou plutôt mercredi soir grâce à Libération).

Depuis quatre ans, il a travaillé avec un unique objectif : être le seul candidat à l’élection présidentielle, à tout le moins être le seul candidat de droite possible.

Et voilà, il nous a gratifié d’une déclaration de candidature, réalisée selon ses méthodes classiques (il a convoqué des journalistes dans son bureau en leur dictant une interview à publier le lendemain matin). "Nous ne savons pas précisément qui a réalisé l’interview ni quelles questions ont été posées. Nous traiterons le texte qui nous sera transmis de la manière qui nous semblera appropriée, avec une approche strictement professionnelle", avait déclaré dès mercredi soir le rédacteur en chef de La Nouvelle République, Pascal Arnaud.

Mais il se pourrait que son ambition dévorante et sa soif de pouvoir commence à lui jouer des tours. Jérôme Jaffré écrit dans Le Monde le 30 novembre :

Fort du soutien de l’UMP et de la faveur dont il jouit dans l’opinion de droite, Nicolas Sarkozy occupe une position jamais vue dans cette partie du champ politique depuis la candidature de Georges Pompidou en 1969. Mais cette situation est si dominante qu’elle inquiète jusque dans son propre camp. La bataille qui y a fait rage ces dernières semaines peut se lire, au moins en partie, comme la volonté d’obliger le ministre de l’intérieur, s’il est élu, à partager un peu de l’immense pouvoir qui sera le sien. Et de permettre ainsi aux grands barons de son camp - Alain Juppé, Dominique de Villepin, Michèle Alliot-Marie, Jean-Pierre Raffarin ou Jean-Louis Borloo - de conserver l’autonomie et la puissance qui leur permettront de jouer un rôle.

Tout cela pourrait apparaître comme une simple affaire d’ambitions personnelles si ce qu’on pourrait qualifier d’excès de position dominante de M. Sarkozy ne finissait par inquiéter une partie importante des Français. Ses propositions sur les institutions, au début de l’année, ont laissé entendre que son projet était d’ajouter aux fonctions du président de la République l’essentiel du rôle du premier ministre, tout en restant bien discret sur les contre-pouvoirs qui viendraient limiter cette toute-puissance. Certains propos laissent également penser que, même élu, il entend bien garder le contrôle de l’UMP. Cette conception est de nature à fournir les armes d’une campagne anti-Sarkozy, puisque, parmi les critiques que le public lui adresse, vient déjà en bonne place le sentiment d’un homme "assoiffé de pouvoir".

Ainsi, Monsieur Sarkozy commencerait à faire vraiment peur. Et la bonne nouvelle, c’est un sondage du 29-30 novembre, dans lequel 46% des Français souhaiteraient voir Nicolas Sarkozy soutenu par l’UMP, mais surtout 34% en faveur de Michèle Alliot-Marie. 12 points d’écart, c’est significatif, mais rapporté à la présence médiatique de chacun, c’est plutôt un très bon score pour Michèle Alliot-Marie !

Souhaitons que l’effet Sarkozy s’essouffle et qu’Alliot-Marie s’envole, pour voir quelqu’un de sain et mesuré à la tête de la droite pour l’élection présidentielle.

Sources :

LCI.fr : 46% pour une candidature Sarkozy, 33% pour MAM

LeMonde.fr : Sarkozy et le partage du pouvoir, par Jérôme Jaffré

LeMonde.fr : L’exclusivité de Sarkozy fait "pschitt"

LeMonde.fr : Nicolas menacé par l’effet Sarkozy, par Patrick Jarreau