Non à Sarko

Accueil du site > Election présidentielle 2007 > Pitié ! Pas Sarkozy... > Travailler plus pour gagner plus ? Surtout un choix de société (...)

Travailler plus pour gagner plus ? Surtout un choix de société !

lundi 5 février 2007, par Jacques

Nicolas Sarkozy ne cesse de marteler qu’il faut laisser aux Français le choix de "travailler plus pour gagner plus". Quels seraient les impacts de la mise en application de cette doctrine ? Quels seraient les bénéfices pour le pays ? pour les individus ? Cela mérite de s’y pencher sérieusement...

Que nous dit Nicolas Sarkozy ?

Je veux être le Président du pouvoir d’achat. Le problème de la France aujourd’hui, c’est que les salaires sont trop bas et que les prix sont trop élevés. Je veux que les heures supplémentaires soient toutes rémunérées 25% de plus que les heures normales, quelle que soit la taille de l’entreprise, et qu’elles soient exonérées de toutes charges fiscales et sociales pour qu’elles soient plus payantes pour les salariés et moins chères pour les entreprises. Quatre heures de travail en plus par semaine sans charges, c’est immédiatement 1 980 euros net en plus à la fin de l’année pour tout salarié rémunéré au SMIC. Je veux que notre économie soit plus dynamique, plus prospère, que les salariés aient des emplois plus qualifiés, pour que les salaires de tous soient plus élevés. Je n’augmenterai pas les impôts car les impôts, c’est moins de pouvoir d’achat pour tous les Français.

En clair :
- Des heures supplémentaires payées 25% de plus pour le salarié.
- Pas de charges sociales (sécurité sociale, assurance chômage, retraite et contribution sociale) sur ces heures.
- Pas d’augmentation des impôts par ailleurs.

Je veux être le Président de la valeur travail. Depuis 25 ans, tout a été fait dans notre pays pour dévaloriser le travail, décourager le mérite, discréditer la réussite. Il est injuste que ceux qui se lèvent tôt et ceux qui travaillent tard, ne soient pas mieux récompensés que ceux qui vivent de l’assistanat. Les 35 heures ont gelé les salaires et désorganisé le service public. Le travail sera au coeur de mon action. Je veux que chacun soit libre de choisir de travailler autant qu’il le veut. Je veux encourager le travail étudiant, aider les femmes à faire garder leurs enfants lorsqu’elles veulent travailler, permettre à chacun de choisir l’âge de son départ à la retraite en autorisant le cumul entre un emploi et une retraite. C’est ainsi que nous surmonterons les problèmes des 35 heures. Je veux que le travail soit toujours mieux rémunéré que l’assistanat. Grâce à la suppression des droits de succession pour tous les patrimoines petits et moyens, je veux offrir à chacun la possibilité de transmettre à ses enfants le fruit du travail de toute sa vie.

Un paragraphe riche en enseignements :
- Ceux qui se lèvent tôt ne seraient pas mieux récompensés que ceux qui vivent de l’assistanat... C’est encore une fois fustiger les gens qui se la coulent douce grâce à nos impôts. Vous en connaissez beaucoup ? Vous savez comment faire ? Parce que j’ai l’impression, de mon point de vue, que vivre des minimas sociaux n’est pas une vie souhaitable, contrairement à ce que dit Nicolas Sarkozy.
- Ceux qui se lèvent tôt et travaillent tard sont en fait mis en opposition à ceux qui sont aux 35h. Pour Nicolas Sarkozy, si on travaillent 35h, est-on un assisté feignant, ou un malheureux travailleur frustré par des règles sociales trop contraignantes ?
- Faire que chacun soit libre de travailler autant qu’il le veut, c’est clairement supprimer la durée maximale du travail.
- Une suppression des droits de succession, pour que l’argent que l’on hérite soit moins imposé que celui gagné par son travail. Ce n’est pas à mon sens, revaloriser le travail ! Mais nous en avons déjà parlé : Suppression des droits de succession : Sarkozy dévoile sa vision de la France.

Prenons un exemple

Une entreprise de 100 personnes où tout le monde travaille 35h par semaine. Imaginons que l’heure de travail rapporte 10€ net au salarié. Elle coutera environ 17€ à l’employeur. Pour faire 3500 heures, cela :
- coute 59500€ à l’employeur (3500*17)
- rapporte 24500€ à la communauté (assurance chômage et maladie, retraite...)
- rapporte 350 € à chaque salarié

Maintenant, imaginons que chaque salarié fasse 5 heures supplémentaires "Sarkozy". Pour réaliser ces 3500 heures, cela :
- ne nécessite plus que que 87,5 salarié, soit 12,5 personnes au chômage
- coûte 57531€ à l’employeur, soit 3,3% de moins
- rapporte 21437€ à la communauté, soit 12.5% de moins
- rapporte 412,5€ à chaque salarié, soit 17,8% de plus pour 14,3% de temps de plus au travail.

Quelles implications réelles de « travailler plus pour gagner plus » ?

La première implication de cette mesure est pour la communauté : on diminue nettement les revenus des prestataires sociaux (Assurance Chômage, Retraite et Assurance Maladie notamment). On crée ainsi les conditions d’une faillite de ces organismes, d’une couverture dégradée pour tout le monde, et on favorise ainsi le développement de prestations sociales privées en complément pour ceux qui peuvent les payer. C’est un pas décisif vers un modèle "libéral", où chaque citoyen est garant pour lui-même, et où la solidarité n’existe plus.

On crée par ailleurs potentiellement plus de chômeurs, puisqu’on concentre le travail à faire sans modifier sensiblement les coûts de production pour l’employeur (-3% !), ce qui ne lui permettra pas d’être beaucoup plus compétitif et par conséquent de vendre plus.

On relance également la consommation, puisqu’on "donne" plus d’argent aux travailleurs, mais sans doute plus sur la frange de consommation liée au loisir et à l’équipement (écrans plasma, lecteurs MP3, ordinateurs, téléphone portable, appareil photo, etc...). Le problème est que ces produits sont importés, et leur consommation ne favorisent que très peu la croissance française, mais accroissent le déficit commercial du pays.

Qu’en penser au final ?

La France du travail a vécu de grands bouleversements au cours du XXeme siècle : travail des femmes, congés payés, réductions du temps de travail.

Le problème est que le foyer a besoin de temps à la fois pour travailler et pour sa vie propre, l’éducation des enfants, les tâches ménagères, etc...

Autrefois, ces fonctions étaient assurées par la femme au foyer. Aujourd’hui, les femmes ayant légitimement gagné le droit à travailler comme les hommes, nous pourrions penser que chacun pourrait travailler à mi-temps, puisque nous sommes deux fois plus nombreux à travailler. Nous n’en sommes pas là, mais les 35h allaient dans cette direction, pour aider les gens à équilibrer leur temps entre travail et vie privée. Si nous supprimons cette barrière, nous allons rapidement tous travailler 40h, et nous n’aurons plus de temps à consacrer à notre foyer.

Nicolas Sarkozy nous propose d’être libre, mais d’expérience on se rend compte que lorsqu’on met les gens devant le coût réel des congés, les populations modestes sont dans l’incapacité de refuser de travailler.

Par exemple, on pourrait choisir de supprimer les congés payés, et d’augmenter tout le monde de 10%. Au final, celui qui prend ses 5 semaines de congés serait payé de la même façon qu’aujourd’hui. Je suis cependant certain qu’alors les gens ne prendraient plus leurs congés.

Au final, le fait de travailler 35h est essentiellement un choix de société. Voulons nous avoir du temps pour nous occuper de nos foyers, de nos enfants, de nous-même ? Voulons nous partager le travail et vivre dans une société où chacun aurait du temps à consacrer à autre chose qu’au travail ?

Ou alors voulons nous travailler tous les jours de la semaine, et ne rentrer chez nous que pour manger et dormir, mais dormir en étant plus riche et en ayant les moyens matériels de partir en week-end ?

Répondre à cet article

1 Message

  • Je suis tout à fait d’accord avec le fait qu’il n’y a pas que le travail dans la vie ; l’abus de travail peut même nuire à la santé. Cependant :

    Je trouve que légiférer dans des domaines qui concernent les choix individuels de tout un chacun dans la gestion de sa vie privée n’est pas raisonnable.

    Il appartient à chacun de mettre les priorité dans sa vie de ménage et dans son travail, chacun ayant des aspirations différentes (ménages ou pas ménage etc.)

    Il est tout à fait vrai que le programme de Nicolas Sarkozy diminuerait les recettes destinées aux dépenses de santé publique et aux allocations sociales.

    Néanmoins, des systèmes privés d’assurance maladie existent. Il faudrait pour cela que chacun cotise pour son avenir, ce qui serait plus compliqué pour les couches défavorisées, celles-ci bénéficieraient cependant de réductions d’impôt (si Sarkozy arrive au pouvoir) ce qui rendrait la tâche plus aisée. De même, les dépenses destinées au allocations de chômage seront probablement revues à la baisse si le nombre de demandeurs d’emploi diminue, ce qui devrait arriver comme c’est arrivé en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

    Il faut rappeler que chaque année, des milliers de Français souvent, il est vrai, bien formés quittent la France pour travailler dans ces deux pays.

    A contrario, le nombre de Britanniques défavorisés ou d’Américains pauvres désirant se rendre en France pour bénéficier d’allocations beaucoup plus avantageuses est extrêmement bas.

    Ce constat invite à la réflexion.... et peux peut-être nous aider à choisir la société que nous voulons.

    Répondre à ce message


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette