Non à Sarko

Accueil du site > Election présidentielle 2007 > Emeutes à la Gare du Nord : petit cours de dé(sin)formation et de démagogie (...)

Emeutes à la Gare du Nord : petit cours de dé(sin)formation et de démagogie par Nicolas Sarkozy

jeudi 29 mars 2007, par Jacques

Suite aux émeutes à la Gare du Nord, vu les échéances électorales du 22 avril prochain, les candidats ne pouvaient pas ne pas réagir.

La réaction de Nicolas Sarkozy est particulièrement intéressante, il nous démontre en quelques mots tout son savoir-faire de communicant démagogique, déformant la réalité à son profit.


Le Monde a publié les réactions des trois candidats en tête des sondages actuellement. Commençons par les opposants à Nicolas Sarkozy, avant de finir par sa brillante intervention.

Les réactions de Ségolène Royal et François Bayrou

La réaction de Ségolène Royal :

"La question que l’on se pose lorsque l’on voit ce que ce contrôle a provoqué, c’est qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien. Comme s’il y avait une rupture de confiance entre un grand service public, la police nationale, et les citoyens", a-t-elle déclaré. "Un certain nombre de choses ont été mal faites ces dernières années pour qu’il y ait à ce point une méfiance réciproque", a ajouté Ségolène Royal, promettant d’établir "un ordre juste où les représentants du service public, de la police, de la gendarmerie, de la justice sont respectés par les citoyens". "Je ne veux plus en France de zones de non droit où les policiers ont peur d’aller (...). Je ne veux plus de zones de non droit où des jeunes qui n’ont rien à se reprocher ont peur des policiers et des contrôles d’identité", a-t-elle expliqué.

Et de François Bayrou :

Les heurts à la gare du Nord sont l’illustration du "climat d’affrontement perpétuel" dont la société française a besoin de sortir, a estimé, mercredi, François Bayrou. "C’est une société qui a des tensions extrêmement fortes, dans laquelle il y a des rancoeurs, [où] un certain de nombre de catégories de jeunes et de moins jeunes ont le sentiment d’être en affrontement avec d’autres catégories, comme les policiers", a déclaré le candidat de l’UDF à l’élection présidentielle à l’émission Questions d’Info Le Monde-France Info-LCP-Assemblée nationale."C’est malsain pour tout le monde et ceci ne peut pas durer", a-t-il ajouté.

"Il est très important de sortir de ce climat d’affrontement perpétuel entre la police et une partie des citoyens", qui est "lourd de conséquences", a insisté le député béarnais. François Bayrou a noté "l’énorme malaise" qui existe entre les Français "qui ont l’impression d’être stigmatisés, d’être constamment ciblés" et ceux "qui ont le sentiment de ne pas être défendus". "Ça devient tellement tendu, critique, que chaque geste devient dangereux", a-t-il fait remarquer. Pour sortir de cette situation, le candidat centriste propose de rendre à la police "son rôle de prévention et d’accompagnement" et d’expliquer aux jeunes "que ces incidents se retournent contre eux".

La première nous dit qu’il y a une rupture entre la police et les citoyens, le second voit des tensions extrêmement fortes dans la société.

Les deux veulent sortir de la logique d’affrontement de ces dernières années en redonnant à la police son rôle de prévention et d’accompagnement.

Ces deux réactions nous permettent d’apprécier à sa juste valeur la tirade de Nicolas Sarkozy.

La réaction de Nicolas Sarkozy

Mercredi, Nicolas Sarkozy a a diverses occasion lors de son voyage à Lille pu s’exprimer sur les évènements de mardi soir à la Gare du Nord :

Le candidat de l’UMP à l’Elysée, Nicolas Sarkozy, a accusé, mercredi soir, Ségolène Royal et François Bayrou, d’être "du côté des fraudeurs" et des "émeutiers" , au lendemain des violents incidents de la Gare du Nord, à Paris.

"Quand je pense que deux candidats à l’élection présidentielle ont osé prendre la défense d’un individu connu pour 22 délits, qui se permet de frauder et de ne pas payer son ticket dans le train, qui, une fois interpellé, se permet de frapper des fonctionnaires qui font juste leur travail avec honnêteté, dans la légalité, qui déclenche une émeute avec des voyous qui cassent une gare, qui cassent des abribus !" a-t-il lancé, lors d’un meeting à Lille.

"Ceux qui prennent le parti des émeutiers et des fraudeurs ne leur rendent pas un service. Ils ne sont même pas généreux car ce n’est pas rendre service à une minorité que de laisser à penser que dans la démocratie française on peut faire n’importe quoi, n’importe comment", a poursuivi le candidat.

"Il faut mettre des règles, il faut mettre des lois, il faut de l’autorité et il faut du respect", a ajouté l’ex-ministre de l’intérieur. "Et bien, c’est clair : l’autorité et le respect, c’est de notre côté, la fronde et le soutien à la délinquance c’est de l’autre côté !"

On voit bien que Nicolas Sarkozy affabule quand il prétend que Madame Royal et Monsieur Bayrou sont du côté des fraudeurs et des émeutiers.

Comme à son habitude, il présente deux camps : celui qui est pour les émeutiers, et celui qui est contre. Lui se pose contre les casseurs et soutenant la police.

Ségolène Royal et François Bayrou dénoncent la politique menée par Sarkozy et la situation actuelle, donc ils sont contre lui, et par conséquent du côté des émeutiers. C’est simple, mais lorsqu’on écoute d’une oreille discrète, on retient que le candidat de l’ordre public est Nicolas Sarkozy, tandis que les autres sont les candidats de la chienlit.

Nicolas Sarkozy a estimé, mercredi 28 mars, que la police avait "fait son travail", mardi à la gare du Nord, ajoutant que "pendant des années on a laissé faire n’importe quoi".

La police a fait son travail.

Mais comment se fait-il que depuis 2002 avec un homme fort, qui avait promis de rétablir l’ordre au ministère de l’Intérieur, on en arrive à ce type débordements (Gare du Nord, Ecole Rampal...) ?

Peut-être veut-il dire que l’ancien Sarkozy a fait n’importe quoi, tandis que le nouveau, celui qui a changé, fera nettement mieux ?

Il a déploré que la France était "le seul pays où l’on considère qu’arrêter quelqu’un parce qu’il ne paie pas son billet, ce n’est pas normal".

Excellente généralisation sur la France. Je félicite Nicolas Sarkozy pour la portée démagogique de la phrase, très bien tournée.

Par ailleurs, je crois que Nicolas Sarkozy, encore une fois, devrait se renseigner sur les lois et règlements, car il me semblait qu’en France, lorsqu’on n’avait pas de titre de transport validé, soit on réglait une indemnité forfaitaire, soit il était dressé un procès-verbal d’infraction. Peut-être que son verbe a dépassé sa pensée, et qu’il a assimilé PV et arrestation...

Sinon, effectivement, je considère qu’il est normal d’arrêter quelqu’un qui agresse un contrôleur, et je pense que en France "on" considère également que c’est normal. Nicolas Sarkozy continue à affabuler pour frapper nos esprits.

L’ancien ministre de l’intérieur s’est demandé : "Si la police n’est pas là pour faire régner un minimum d’ordre, quel est le rôle de la police ?"

Qui a critiqué le fait que la police fasse régner l’ordre ? J’ai surtout entendu des critiques sur le bilan de Nicolas Sarkozy, de mon côté. Encore une mauvaise compréhension de sa part ?

Pour mémoire, la déclaration des droits de l’homme de 1789 dit : « la garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ».

Un peu plus tard dans la journée, Nicolas Sarkozy s’est rendu gare du Nord afin de prendre le train pour Lille. Accueilli par des sifflets et aux cris de "provocation" lancés par quelques usagers, l’ancien ministre de l’intérieur a salué des policiers sur le quai au pied de son wagon. "Ce n’est pas du tout un ’climat’ dans le pays. C’est parce que depuis des années, une idéologie post-soixante-huitarde a conduit à tolérer l’intolérable", a déclaré le candidat de l’UMP.

Monsieur Sarkozy considère que lorsqu’un ancien Ministre de l’Intérieur et Candidat à l’élection présidentielle se déplace et entend des insultes et sifflets à son attention, ce n’est pas représentatif d’un climat social dégradé (dégradation pour partie de sa responsabilité d’ailleurs) ? Monsieur Sarkozy devrait se faire déboucher les oreilles.

Non, Monsieur Sarkozy préfère rejeter la faute sur une "idéologie post-soixante-huitarde a conduit à tolérer l’intolérable". Monsieur Sarkozy se rend-il compte que mai 68, c’était il y a près de quarante ans, tandis que nous avons vécu le sarkozysme au ministère de l’Intérieur depuis 5 ans ? Ne se remet-il jamais en question, bien qu’il ait changé ?

M. Sarkozy a encore estimé qu’il n’était "pas normal que des gens interviennent" pour s’opposer à une interpellation et que "les forces de l’ordre ont réagi avec beaucoup de maîtrise".

Il n’est certes pas normal que des gens interviennent pour s’opposer à une interpellation. Pourquoi en sommes nous arrivés là ?

Par ailleurs, on peut tout de même se poser une question : des interpellations, nous en voyons presque tous les jours à la Gare du Nord. Pourquoi celle-ci en particulier a-t-elle dégénéré ?

Peut-être les forces de police, face à un individu violent, ont-elles été obligées d’être fermes. Mais on peut légitimement se demander si ces mêmes forces de police n’ont pas été violentes, et par conséquence coupables d’un délit. Si cela a été le cas (ce que nous saurons peut-être après enquête de l’IGS), je trouve formidable que les citoyens français se sentent investis du devoir de protéger les victimes de violences, qu’elles soient policières ou non. Ce serait dans de cas un peuple responsable qui s’oppose à la délinquance et à la violence...

L’ex-ministre de l’intérieur s’est dit "du côté de ceux qui payent leur billet de train et qui n’acceptent pas qu’on démolisse les gares" et contre "la minorité violente qui a le sentiment que tout est permis". "J’espère que la justice sanctionnera fermement le fraudeur et les autres", a-t-il souligné.

J’espère que la justice sanctionnera le fraudeur à la hauteur de la gravité de ses actes, soit une contravention pour une ’simple’ fraude, soit une condamnation pénale si un délit a été commis. Pour ce qui est des "autres", j’ai la même position, une sanction à la hauteur du délit.

Et j’ai du mal à voir qui est contre ceux qui paient leur billet de train. A peu près personne, sans doute. Encore une belle phrase de Nicolas Sarkozy qui lui permet de se mettre du côté de tout le monde, avec force et empathie.

Ouvrons les yeux !

Sources :
- Le Monde : Nicolas Sarkozy accuse Royal et Bayrou d’être du côté des fraudeurs ; Ségolène Royal critique le bilan de Sarkozy à l’intérieur ; François Bayrou renvoie dos à dos Sarkozy et Royal ; Gare du Nord : Nicolas Sarkozy s’en prend à "la minorité violente"

Répondre à cet article

2 Messages de forum

  • Salut tout le monde,

    Retour sur les évenements de la gare du Nord, voilà ce qui s’est passé (article de Libération)

    L’interpellation par des gendarmes d’un usager du métro circulant sans billet a dégénéré mardi à la gare du Nord en affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, qui ont duré plusieurs heures à partir de la fin de l’après-midi. Peu avant minuit, par une série de charges et à grand renfort de gaz lacrymogène, la police a fait évacuer la centaine de jeunes qui leur avait fait face, dans le sous-sol de la gare et dans la station de métro attenante, toute la fin d’après-midi et la soirée.

    Le calme est revenu vers 1 heure du matin dans et autour de la gare du Nord quand les forces de l’ordre ont fini par disperser le dernier noyau de manifestants, qui ont joué pendant un temps au chat et à la souris avec elles dans les rues autour de la gare. Selon la préfecture de police, neuf personnes ont été interpellées, dont l’usager sans billet, un homme de 33 ans accusé d’avoir frappé les agents de la RATP qui l’avaient vu sauter un portique et avaient tenté de le contrôler. Il avait été rapidement maîtrisé par une patrouille de gendarmes passant non loin de là. Mais quelques dizaines de témoins, parmi lesquels de nombreux jeunes, ont estimé que l’interpellation avait été trop brutale et ont commencé à se masser devant le local de la RATP dans lequel le suspect avait été dans un premier temps retenu, avant d’être évacué vers un commissariat. Des renforts de policiers et de gendarmes sont rapidement intervenus.

    Sous le regards de centaines de témoins et d’usagers du métro coincés sur place, une foule de plus en plus hostile, vite motivée par la présence de caméras de télévision, a commencé à jeter des projectiles (surtout des bouteilles de soda en plastique et des fruits) sur les forces de l’ordre. Les policiers ont répondu par de courtes charges et des jets de gaz lacrymogène, dont les effluves se sont répandues dans les couloir et dans la gare, faisant tousser et pleurer tous les gens alentour.

    Certain jeunes, armés de caddys ou de poteaux métalliques utilisés dans le métro pour délimiter les files d’attente, avaient tenté de casser des vitrines de commerces, des distributeurs automatiques de boissons et de friandises, des panneaux d’affichage et des vitres de séparation. Un début d’incendie a été allumé dans un stand d’accueil de la RATP, mais a été rapidement maîtrisé par les pompiers. Dans la station, le rideau de fer d’une boutique a été tordu, dans une tentative de l’ouvrir, mais les lieux ont été vite gardés par un cordon de police. Un marchand de téléphones portables a toutefois assuré qu’il avait l’intention de passer la nuit, par précaution, dans sa boutique.

    Aux cris de « Sarkozy, enc… ! », « Police partout, justice nulle part ! » ou « A bas l’Etat, les flics et les patrons ! », les jeunes émeutiers avaient insulté policiers et gendarmes, dont certains en tenue anti-émeute. « Comme par hasard, Sarkozy s’en va et le lendemain il se passe ça », a lancé une adolescente noire, qui a refusé de révéler son identité. Dans un communiqué publié dans la soirée, le porte-parole du PS Julien Dray a estimé que ces affrontements « illustrent le climat de tension, le fossé et la violence désormais installés entre la police et la population ».

    « Les conditions d’un rapport serein et de confiance entre la police et la population doivent être rétablies de toute urgence », a-t-il ajouté. Les rames de métro des lignes 4 et 5, qui ont été coupées à la gare du Nord à partir du début des incidents, n’ont recommencé à marquer l’arrêt qu’en fin de soirée.

    Voilà mes amis ce que ces flics ont encore fait, ce sont toujours les mêmes qui attaquent, et toujours aux autres qu’on traîte de racaille !

    Pourquoi agresser les gens comme ils le font, le but est de foutre la pagaille dans la population . Et honnêtement, moi je peux parfois comprendre qu’on n’aie pas de billet, vu le prix des trajets....

    Mais il est temps de dire la vérité :

    Le seul but de Sarko c’est de nous emmerder jusqu’au bout, de s’en prendre aux jeunes, il trouve tous les arguments pour ca.

    Ne votez pas pour lui, les cités seront en feu.

    Répondre à ce message

    • Comme je l’ai dis, les policiers ont fait leur travail, et ils le font comme ils peuvent, avec les moyens qui leurs sont donnés.

      Par contre, la politique menée par Nicolas Sarkozy comme Ministre de l’Intérieur a conduit à une défiance de la population vis-à-vis de la police, et une tension anormale et permanente.

      Alors, non, je ne pense pas que le seul but de Sarko soit de s’en prendre au jeunes, mais plutôt d’arriver au pouvoir en présentant un bilan comptable positif, ce qu’il a réussi. Le vrai problème, c’est que le bilan comptable ne reflète en rien la réalité du terrain quand il s’agit de mesurer l’efficacité des forces de police.

      Le fait que les cités soient "en feu" n’est en rien souhaitable, mais cela risque d’être le résultat de la politique de Nicolas Sarkozy, et à mon sens c’est une des raisons qui font que sa présidence est dangereuse.

      Répondre à ce message


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette