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Sarkozy est déjà en campagne

vendredi 13 octobre 2006, par Jacques

Le 12 octobre, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours devant 5000 sympathisants à Périgueux. Décorticons le discours et étudions ensemble les moteurs du Sarkozysme

Mon devoir, ma responsabilité, mon ambition est celle de l’union de tous ceux qui veulent la victoire de nos idées. Que nul ne doute en cette minute que je ne faillirai pas à ma mission. Je veux l’unité. Je suis le garant de l’unité. Et s’il le faut je serai unitaire pour tous les autres.

- Veut-il dire qu’il se retirera pour laisser la place à un autre le cas échéant, ou bien qu’il fera en sorte qu’il n’y ait pas d’autre ? On lui fait confiance pour la deuxième solution !

Français de toutes les provinces, nous sommes les citoyens d’un vieux pays... qui a surmonté bien des épreuves et bien des drames. Nous sommes les citoyens d’un vieux pays qui s’est toujours relevé quand on le croyait terrassé, qui a toujours résisté quand tout le monde l’imaginait vaincu, qui a toujours repris son essor quand on le pensait condamné à la décadence.

- On fait vibrer la corde nationale, on a la larme à l’œil devant tant d’émotion. Très fort, mais un peu nationaliste.

J’affirme qu’on affaiblit la République quand on cherche à abaisser l’autorité de l’Etat. On affaiblit la République quand on dénigre la nation. On affaiblit la République quand on soutient ceux qui violent la loi, ceux qui squattent le bien d’autrui, ceux qui veulent avoir tous les droits sans respecter les droits des autres. On affaiblit la République quand on s’efforce par tous les moyens de ruiner la morale de l’effort et du mérite, quand on transforme le citoyen en assisté, quand on confond l’égalité avec l’égalitarisme, la solidarité avec l’assistanat.

- Quelques petites attaques bien amenées contre les jeunes-délinquants-inciviques, les immigrés-squatteurs, les chômeurs-profiteurs... Rien de directement attaquable, mais de beaux sous-entendus qui réveillent chez nous nos sentiments de défiance et d’individualisme face à ces "profiteurs" qui abusent du système. Il utilise à merveille l’amalgame en nous le soufflant indirectement, et cet amalgame est dangereux.

Il y a cent ans presque jour pour jour Clemenceau prononça à la Roche-sur-Yon, sur cette terre vendéenne où il était né, un de ces discours dont il avait le secret « le combat éternel pour la libération de l’Homme continue, non plus nécessairement à coups de fusils mais à coups de pensées, par le livre, par la parole, par la leçon. Le combat n’est plus aux chemins creux, il est à l’école (…) La République n’est rien qu’un instrument d’émancipation, un instrument d’évolution par l’éducation de tous ». On ne saurait mieux dire !

- Il est en Vendée, il s’associe à un Vendéen célèbre pour se mettre l’électorat local dans la poche. Encore une fois, c’est bien joué.

[...]

La France est généreuse, la France est tolérante, la France est ouverte. Mais la France ne renoncera pas à son identité, à sa culture, à sa langue. La France c’est la nation mise au service d’une certaine idée de l’homme, et cette idée de l’homme la France est bien décidée à ne pas la renier. La France est accueillante mais elle ne veut pas qu’on s’installe chez elle sans respecter ses lois, ses mœurs, ses traditions, ses valeurs.

- Il surfe sur le nationalisme, tout en restant inattaquable sur le fond du texte. C’est un numéro d’équilibriste délicat.

La France a besoin de l’Europe, la France veut l’Europe, (…)Mais la France ne veut pas par la dérive des jurisprudences et par une interprétation abusive des traités que la démocratie nationale soit vidée de sa substance au profit d’une technocratie communautaire. Elle veut que le principe de subsidiarité soit strictement appliqué et que l’Europe soit un multiplicateur de puissance, non une cause d’affaiblissement.

- Encore une fois il souffle le chaud et le froid, en sortant des banalités, mais sans réel engagement sur du concret.

[...]

Au fonctionnaire qui souffre de la désorganisation créée par les 35 heures, en particulier à l’hôpital, je dis que mon objectif est la remise à plat complète des 35 heures dans le secteur public de sorte que ceux qui veulent travailler davantage et gagner davantage aient le droit de le faire.

- Et que ceux qui ne veulent pas travailler davantage n’aient pas le choix car il y a de toute façon trop de travail à l’hôpital...

Dans la République, la justice est rendue au nom du peuple. Je propose qu’en correctionnelle, pour les affaires les plus importantes, on introduise le jury aux côtés des magistrats comme c’est déjà le cas en assises. La parole rendue au peuple, le pouvoir redonné au peuple, c’est ça la République.

- "Pour les affaires les plus importantes", mais comment déterminer qu’une affaire est importante ? Une proposition qui restera au niveau démagogique.

La République c’est aussi le civisme, une certaine idée du mérite et de l’équité. Je propose que les heures supplémentaires soient exonérées de toutes charges salariales et de tout impôt pour que ceux qui veulent travailler davantage pour gagner plus puissent le faire.

- Le problème, c’est de pouvoir avoir le choix. Et exonérer les heures supplémentaires, c’est une vraie incitation aux travaux forcés proposés par le patronat.

[...]

Pour faire cesser cette honte de ceux qui n’ont rien et sont condamnés à dormir sur les trottoirs, je propose que le droit à l’hébergement devienne opposable devant les tribunaux et que les collectivités publiques concernées disposent de deux ans pour créer les places nécessaires pour accueillir ceux qui n’ont même pas un toit pour s’abriter.

- A votre bon coeur Monsieur Sarkozy ! Mais n’est ce pas vous qui avez désorganisé complètement le système d’hébergement d’urgence en y faisant rentrer de force des ’expulsés’, sans mettre en œuvre aucun moyen supplémentaire pour accueillir "ceux qui n’ont même pas un toit pour s’abriter". Et les logements sociaux à Neuilly, pour accueillir ceux qui n’ont pas grand-chose mais qui aimeraient habiter quelque part, on ne les a toujours pas vu. Il y a des collectivités publiques dirigées par Nicolas Sarkozy qui préfèreront les tribunaux aux pauvres ! Un peu de social pour nous donner bonne conscience, ça ne coûte pas cher tant qu’on en reste au discours.

On dit que la France est vouée au déclin et que les Français n’ont plus la volonté de se battre. On dit que la France n’est pas réformable et que les Français ont peur. On dit que la France est bloquée et que les Français sont fatigués. Vous êtes la preuve vivante du contraire. Vous êtes l’espérance qui ne veut pas s’éteindre. Vous êtes les témoins d’une France qui veut renaître et qui ne craint ni le changement, ni l’avenir. Vous êtes les témoins d’une France qui n’a pas peur de la rupture. La rupture que je souhaite est au cœur de la République. C’est le meilleur de ce que la République nous a donné, en brisant les chaînes et les liens. C’est le message de 1789, de 1848, de l’Appel du 18 juin. Quand un peuple décide de rompre ses entraves pour plus de libertés, plus d’égalité, plus de fraternité. Je vous le promets, nous allons construire une France nouvelle dont vous serez les acteurs. Je souhaite sceller un nouveau pacte avec tous les Français.

- On finit sur un pessimisme qui se transforme en espoir grâce à Nicolas, qui se réclame de la Révolution française, de la fondation de la IIème république, de la résistance à l’Allemagne nazie.

Ce discours nous démontre que Nicolas Sarkozy est persuadé qu’il est un grand homme, et qu’il est promis à un grand destin. En ce sens, il est mégalomane, et il nous prouve qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour terrasser ce qui est contre lui. En tant que président de l’UMP, ses camarades populaires. En tant que candidat, ses adversaires. En tant que Président ? Ses opposants ? Les critiques ? Il en aura le pouvoir !

Sources :

Libération : A Périgueux, la « République fraternelle » de Sarkozy ratisse large

Jeunes populaires de l’orne : "Notre République", le discours de Périgueux de Nicolas SARKOZY

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